Si Nicolas Hulot avait accepté, il y a 5 ans, la proposition chiraquienne d’être ministre de l’environnement en abandonnant pour ça ses activités médiatiques il se serait retrouvé (et pour un salaire trois fois inférieur) dans l’obligation de gérer la réalité en faisant des choix, c’est à dire en décevant bien des gens. Nicolas a su devenir une icône presque sans ennemis ce qui est aussi suspect que son « pacte écologique » approuvé par tous les candidats « sérieux ». Si Nicolas Hulot avait confirmé sa candidature aux présidentielles plutôt que continuer à vendre du temps de cerveau disponible à la pub sur TF1, il aurait aussi pris des risques inutiles. En particulier celui de traîner les casseroles que ses chers concurrents n’auraient pas manqué de découvrir (conflit d’intérêts ? dépendance de forces économiques ou politiques ?…). Nicolas est un homme prudent qui a préféré « faire confiance à la parole et à l’engagement des candidats » et qui fait comme si on pouvait sauver la planète sans s’attaquer frontalement aux pétroliers, autoroutes, chimistes … et publicitaires.

Après le petit tour mondain du gentil Nicolas arrive le voyou José Bové, venu de tous les combats du monde contre le néolibéralisme et la malbouffe. Celui-là ne croît pas que l’écologie puisse échapper à la politique par dissolution dans le piège à cons du développement durable, et il amène enfin un grand coup d’air frais dans la comédie électorale. Bien sûr, quelques autres (Marie-George, Olivier ou Arlette) refusent aussi le capitalisme libéral qui fait de l’homme une marchandise et de la planète une poubelle. Pourtant, alors que la quasi totalité des chroniqueurs, de gauche comme de droite, cherche à nous persuader qu’il n’y a pas d’autre salut que de produire plus (on pourrait alors « gagner plus »…), José, seul parmi tous les candidats, ne propose pas la croissance comme remède aux impasses économiques ! Dés lors, on comprend que son discours lui vaudra plus d’ennemis que la petite musique réformiste de Nicolas. Les méchants concurrents sont certainement déja occupés à lui chercher des poux dans la moustache. Des histoires de cul ? Probable, mais on s’en fout ! Des compromissions, profits personnels ? Un homme qui mouille sa chemise sur tous les terrains de misère ressemble plus à un Abbé Pierre mécréant qu’à un cabotin de télévision ! José a du culot et ça fait du bien : le MacDo le révolte, il le démonte ! le champ d’Ogm l’inquiète, il le fauche ! Il croît que la désobéissance civile, qu’il a emprunté à Gandhi, vaut bien d’aller en taule, et il va en taule !

Voilà qu’enfin un candidat nous propose une autre conception des rapports humains que celle qui convient à la Bourse, qu’il exige le respect des biens communs (l’eau, l’air, le savoir, le vivant,…) et, se méfiant de la « participation » à la mode, recherche des moyens non truqués pour l’expression de la citoyenneté. En prime, José Bové refuse le productivisme qui détruit la planète et condamne à la misère la majorité des citoyens du monde. Ne boudons pas notre plaisir !