Débat pour Le Drenche, avril 2018

Le Drenche

Ce que les médias nomment « PMA pour toutes » c'est l'ouverture de l'insémination artificielle avec donneur de sperme (IAD) à des femmes seules ou en couple homosexuel. Il s'agit d'un abus par rapport aux règles qui régissent la procréation bio-médicalement assistée puisque cet acte n'a pas de légitimation médicale s'il n'y a pas infertilité. En l'occurence, sa légalisation entrainerait des actes coûteux et non nécessaires à la charge de la société. Elle aggraverait aussi la pénurie de sperme disponible, jusqu'ici réservé à des couples incapables de procréer pour cause d'infertilité masculine. Par ailleurs, cette extension de l'IAD serait aussi l'extension à de nouvelles personnes (parents et enfants) de pratiques dont la légitimité fait l'objet de débats non résolus. Ces débats portent sur l'anonymat obligatoire du donneur de sperme, ce qui interdit à l'enfant de connaître son géniteur contrairement aux conventions internationales, malgré les souffrances psychologiques déjà constatées chez nombre d'enfants conçus par IAD dans des couples infertiles. Un autre problème est celui de la sélection du donneur, les critères n'étant pas réglementés ni transparents ce qui autorise potentiellement des pratiques eugéniques, surtout avec les progrès des marqueurs génétiques.
Il reste que l'insémination artificielle est un acte simple que nombre de femmes (en particulier les lesbiennes états-uniennes) réalisent avec succès sans aucun concours médical. Il est clair que l'assistance médicale permet surtout de recruter le donneur, et que l'exigence de « PMA pour toutes » correspond à une défaillance de l'autonomie des femmes. Finalement, cette revendication d'apparence libertaire s'inscrit dans le système néo-libéral et technicisé qui régit de plus en plus l'économie mais aussi la bioéthique. On peut lui préférer des relations humaines riches où les enfants s'inscriraient dans la convivialité des genres plutôt que dans la mécanisation de la procréation, et déjà sa marchandisation..Finalement, la légalisation de cette pratique, consacrant la biomédecine dans des fonctions de régulation sociétale, serait évidemment la porte ouverte à d'autres demandes encore plus litigieuses (GPA, achat des gamètes, sélection des enfants,...).

Faut-il augmenter le nombre d'enfants en souffrance avant d'avoir réglé le problème de l'anonymat du donneur de sperme ? Faut-il intensifier l'IAD avant d'avoir établi des garde-fous contre ses dérives eugéniques ? Faut-il toujours plus médicaliser des actes que les gens pourraient assumer en toute autonomie ? A toutes ces questions, ma réponse est non.