C’est aujourd’hui le second colloque organisé par la FSC sur les « lanceurs d’alerte », exactement 5 ans après le premier (qui avait eu lieu le 29 mars 2003). Certains des thèmes déjà abordés sont récurrents. Ainsi l’alerte sur l’excès de sel dans l’alimentation vient de connaître une fin judiciaire heureuse et les risques des champs électromagnétiques ont fait récemment une percée dans l’actualité.

Je voudrais rappeler qu’entre ces 2 colloques l’un des plus anciens et des plus têtus parmi les lanceurs d’alerte, Jean-Jacques Melet, s’est suicidé. Ce médecin avait alerté pendant 20 ans sur les plombages dentaires au mercure. Epuisé et isolé par les attaques des institutions universitaires et professionnelles, avec la bénédiction de l’AFSSAPS, J. J. Melet a disparu du monde des gêneurs… et 70% des obturations dentaires utilisent encore des amalgames au mercure. Ce cas dramatique et extrême est emblématique du calvaire fréquent des lanceurs d‘alerte, ce qui souligne l’importance , avant d’obtenir le statut protecteur que nous demandons, d’assurer un soutien militant aux lanceurs d’alerte, presque toujours isolés.

La FSC s’est impliqué dans cette tâche et a porté le problème au cœur du Grenelle de l’environnement, le faisant découvrir à la plupart des participants. Puisque la FSC œuvre pour mettre en démocratie les sciences et les innovations, une de ses premières exigences est la transparence des alertes et des expertises sur les productions de la technoscience, en particulier là où elles menacent la santé et l’environnement. Ceux qui réfléchissent à la protection des lanceurs d’alerte sont convaincus qu’un statut protecteur doit s’intégrer dans une modification totale du système d’expertise, en lui imposant de nouvelles normes dont l’indépendance, la contradiction et la transparence.

Aujourd’hui nous aurons 2 Tables rondes successives portant sur les lanceurs d’alerte « scientifiques » et sur les lanceurs d’alerte « citoyens » , une division un peu artificielle mais qui devrait aider à clarifier les différentes figures du lanceur d’alerte, lequel est par définition toujours un citoyen. Car la FSC souhaite que les chercheurs demeurent des citoyens et aussi que les citoyens soient reconnus comme acteurs de la recherche car appartenant à ce groupe d’acteurs que nous avons nommé « tiers secteur scientifique ». Le cas de Maurice Coudoin ici présent est à cet égard instructif : voilà un citoyen-apiculteur qui a été amené à se substituer à la carence des institutions de recherche pour évaluer le risque de contamination de ses ruches par du pollen provenant de cultures de maïs transgénique. Dans une démarche rationnelle, il a donc disposé des ruches à distances variables de cette culture, et c’est bien ce qui lui fut reproché par la justice, refusant cette action scientifique qui n’était pas missionnée par l’INRA…
Beaucoup d’autres lanceurs d ‘alerte auraient pu être présents à ce colloque. Je pense par exemple à Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau « Sortir du nucléaire », juste sorti de’une garde à vue et passible de 5 années de prison pour avoir révélé qu’un avion suicide pourrait faire exploser un réacteur EPR…selon une enquête commanditée par l’industrie nucléaire elle même mais classée « secret défense »… La transparence, toujours !